le manipulateur manipulé

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Que Sarko ait été manipulé par Uribe, cela ne m'étonne guère. Je pense, et on le comprend, que ce dernier n'avait pas envie de se faire voler la vedette (son autorité et sa crédibilité dans son propre pays...)

 

Car l'enjeu de cette libération des otages, dont l'emblématique Ingrid, était bien les retombées politiques positives que les deux présidents pouvaient en tirer.

 

AND THE WINNER IS… URIBE

 

Sarko n'est dans cet événement qu'un outsider qui fut  manipulé.

 

"D'abord, grâce à l'interview d'un spécialiste des Farcs à l'EHESS, Daniel Pécaud, on apprend que trois jours avant de lancer l'opération "Check" (la libération des otages), Uribe a reçu l'envoyé du président français et son homologue suisse venus tenter une fois de plus de négocier avec la guérilla. Or, d'après Daniel Pécaud qui tient ses informations du journal colombien El Tiempo, le président colombien aurait donné son feu vert à ces négociations (sous réserves que les émissaires européens tiennent comptent de ses desiderata). Pécaud pense qu'en fait Uribe utilisait les deux missi dominici (dont rappelons-le celui de l'Elysée) pour tromper la vigilance des Farcs.

 

Ce n'est pas tout.

 

Plus loin, on apprend, sous la plume du correspondant diplomatique du Figaro, l'excellent Alain Barluet, que lorsque Nicolas Sarkozy a lancé, le 1er avril, son fameux appel télévisé à "Monsieur Marulenda", le gourou des Farcs, celui-ci était mort depuis quatre jours. Etant donné le matériel de renseignement dont la Colombie dispose aujourd'hui grâce aux Américains et aux Israéliens, il y a très fort à parier qu'Uribe était au courant de cette mort, dans les heures qui ont suivi le décès.

 

Mais apparemment il s'est bien gardé d'en informer l'Elysée. Son but était probablement de discréditer Nicolas Sarkozy aux yeux des Farcs (et des Américains) et ainsi de l'exclure définitivement du jeu.

 

Il ne lui restait plus qu'à lancer l'opération "Check" - sans en informer Paris "
- extrait du blog de Vincent Jaubert, Nouvel Observateur.

 

C'est pour ça que tout l'UMP (Paillé, Yade) n'arrêtent pas de nous bassiner d'une manière bien lourde  que c'est bien la stratégie de Sarko qui a sauvé Ingrid ! Que c'est le président  qu'il l'a libéré...

 

Et Sarko de féliciter Uribe pour ne pas paraître arrogant et déplacé, le soir même. Louable, ou pathétique partage de rôles ?

 

L'enjeu de cette libération était de faire remonter la côte de popularité du président, bien pâlichonne (répéter le coup des infirmières bulgares). Il s'est fait damner le pion par plus expert et concerné que lui. Et l'ami américain a préféré l'option colombienne...

 

Quand à Ségo, même s'il elle a en partie raison, est-ce le bon moment, et la bonne formule ? Fait-elle un peu le jeu de Sarko, attaqué par la perfide ? Laisse-t'elle ainsi de plus en plus de place à ses concurrents (Delanoê et Aubry) ? Ou au contraire apparaît-elle comme la principale dénonciatrice d'une récup trop évidente ?...

 

Laissons-les déblatérer en toute mauvaise foi, et récupérer sans vergogne une victoire qui aurait dû être collective. Laissons la soupe à l'émotion se déverser jusqu'à pu soif !

 

Laissons les révélations arriver. La rançon, la mise en scène. Qui a payé les 20 millions de $ pour retourner certains guérilleros ?

Déjà cette hyper médiatisation est on ne peut plus suspecte et lassante... Mais ça doit être : plus c'est gros, plus ça passe… Ou au contraire : plus le citoyen est conscient, plus il distingue de part et d'autre les grosses ficelles de la manip politique remplacer les chaînes inhumaines qui entravaient les otages.

 

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